Le Virelai

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Il y avait deux sortes de Virelais. Au XVe siècle, quelques exemples où les vers et les rimes sont aussi libre que dans le lai. Mais après, contruire le premier couplet suivi d'une rime dominante, les poètes faisaient tourner ou virer un second couplet sur l'autre rime qui devenait dominante à son tour... comme ce shéma :

A5 A5 B7 A5 A5 B7 // B5 B5 C7 B5 B5 C7



Comme...

Las ! ne voy-tu pas
Le périlleux pas
Où tu risques de te fourrer
C'est un pauvre cas,
Pour quelques ducas,
Que d'aller ainsi t'embourrer.

Tu te voiys errer
Et droit t'enferrer,
Mais tu te ris de ta misère :
Pense à te serrer
Et te deserrer
Pour te tirer enfin d'affaire...


Un extrait de virelai datant de 1555.




L'autre genre du virelai se distinguant des vers qui était tous de même mesures. Le nombre de couplets était indéterminé, et deux vers, toujours les mêmes, revenaient alternativement à la fin de chaque couplet. Ici bas, un vers détaché en tête alterne avec le dernier vers du premier couplet. Je vous laisse à votre contemplation...



Suis-je,  suis-je,  suis-je belle ?

Il me semble, à mon avis,
Que j'ai beau front et doux vis (visage)
Et la bouche vermeillette,
Dites-moi si je suis belle.

J'ai vers yeux, petits sourcils,
Le chief blond, le nez traitis (droit)
Rond menton, blanche gorgette ;
Suis-je, suis-je, suis-je belle ?

J'ai pieds rondets et petits,
Bien chaussants et beaux habits,
Je suis gaie et joliette ;
Dites-moi si je suis belle.

Entre nous acouardis (timides)
Pensez à ce que je dis ;
Cy finit ma chansonnette ;
Suis-je, suis-je suis-je belle ?"

Eustache Deschamps, Virelai d'une pucelle.